Sous la plume de Jeanne

Sous la plume de Jeanne

Et si la communication était une histoire de géographie ?

Les différences de langues et d'accents seraient-elles le propre de l’espèce humaine ? Il semblerait que non. Récemment,  un ornithologue des plus sérieux invité à une émission des plus sérieuses, expliquait que si un rouge-gorge vivait dans le nord de la France, il aurait l’accent ch’ti ; dans le sud, l’accent provençal. Ce n’est pas tout. Les hirondelles qui naissent en France partent passer l’hiver en Afrique francophone et pas ailleurs ; celles nées en Grande-Bretagne en Afrique australe et du sud.

 

Effectivement, les animaux d'une même espèce n'ont pas forcément le même « langage » suivant leur situation géographique, ou plutôt, ils n'ont pas le même accent. Prenons un exemple pour illustrer le propos et parlons de l’espèce humaine qui, qu’on le veuille ou pas, fait partie du règne animal. Un homme et une femme parlent la même langue. Si Madame est dans le salon et Monsieur dans la cuisine (sus au cliché), on constate assez rapidement que la compréhension se fait difficile et que, très vite, cela peut se compliquer. Et pourtant, l’un et l’autre sont de la même espèce. Quoique. La raison ? Souvenez-vous, l’un et l’autre ne sont pas dans le même lieu géographique. Remarquez, même s’ils l’étaient…Bref. Plus sérieusement, des chercheurs ont étudié un groupe de chimpanzés déplacé d'un parc animalier hollandais vers un zoo écossais. Après plusieurs années d'observation, les scientifiques ont affirmé avoir découvert la première preuve d'une modification intentionnelle d'un cri particulier, le food-grunt chez ces primates. Les singes hollandais auraient délaissé leur cri aigu pour un food-grunt plus grave correspondant à l'accent utilisé par les chimpanzés écossais. 

 

Plus impressionnant, des formes de dialectes se retrouvent également chez les carpes (et oui, la carpe n’est pas si muette que cela). Après avoir placé des microphones sous l’eau, il a été possible d’enregistrer les conversations de différents poissons à proximité des côtes anglaises, près de Glasgow, Newcastle et de l'ouest de l'Angleterre. Et tenez-vous bien : il existerait plusieurs « accents » selon la région d'origine de celles-ci. Le fait de reconnaître des « accents » familiers permet à ces poissons de choisir des partenaires sexuels et d'analyser si un autre individu représente une menace ou non. Le problème est que dans certaines zones la pollution sonore est telle que les poissons finissent par se taire...

 

Conclusion ? Appartenir à une même espèce n’est pas toujours suffisant pour se comprendre. Communiquer avec ses congénères et se faire comprendre, c’est du boulot. Difficulté supplémentaire, il faudrait de plus se trouver dans le même lieu géographique pour avoir quelque chance de se faire entendre.  Donc, lorsqu’une mère braille du premier étage « C’est quoi ce b…. ! » en évoquant l’état de la chambre de son ado et que ce dernier, au RDC, devant l’écran d’une console de jeu, lui répond d’un air abruti « t’inquiète Mother », le message n’est de toute évidence pas passé. Et pourtant, lui et elle parlent la même langue. Enfin presque. Mais si elle se plante devant lui et lui vocifère aux oreilles  « Range moi ce pucier, sinon privé de sortie, de téléphone, de connexion internet, de Mac Do, d'argent de poche pendant un mois ! », miracle, le jeune boutonneux capte illico le message. Conclusion : une bonne communication est avant tout question de lieu et de la façon dont on présente les choses. Dit autrement, d’emballage.

 

 

Image by kropekk_pl from Pixabay

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23/05/2020
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