Sous la plume de Jeanne

Sous la plume de Jeanne

Le Petit Dico de Jeanne


Une finale pas si féminine que cela...

 

A l'heure de l'écriture inclusive, que fait-on de noms masculins se terminant par "ée" ?

En quelques mots, rappelons ce qu'est l'écriture inclusive : généralement définie comme un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes », elle peut prendre de multiples formes et ne se résume donc pas au très controversé point médian.

 

Entamée dès la fin des années 1990, cette évolution reflète celle de la société actuelle, tout en renouant paradoxalement avec des conventions remontant au Moyen Âge. On parlait alors « d’inventeures » et de « mairesses ». L’histoire de la langue n’est pas si linéaire qu’on l’imagine.

 

Revenons à ces mots masculins qui ont l'outrecuidance de se terminer par une finale très "féminine".

Quelle destinée (féminin :-)) doit-on offrir à :

Apogée

Camée

Gynécée

Hyménée (mariage, union conjugale)

jamboree (sans accent !) (rassemblement de scouts à l'échelle d'un pays entier ou du monde)

Périnée

Scarabée

Sigisbée (homme qui, dans l' Italie du XVIIIe siècle, accompagnait officiellement et au grand jour une dame mariée avec un autre homme).

etc.

 

 

Je vous laisse réfléchir et m'en vais de ce pas rejoindre l'empyrée accompagnée de mon sigisbée.


07/02/2024
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Be my polymathe ! (*)

La polymathie, dites-vous ?

 

La polymathie est la connaissance approfondie d’un grand nombre de sujets différents, en particulier dans le domaine des arts et des sciences.

 

Le substantif associé est polymathe, parfois également nommé « personne d'esprit universel » ou « génie universel »

 

Le mot vient du grec ancien polymathēs qui signifie « connaissant, comprenant ou ayant appris en quantité », des racines πολυ- (« beaucoup ») et μαθ- (« apprentissage »).

 

 

(*) Sois mon polymathe !


11/09/2023
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Ebaubi

Ebaubi, kézako ?

 

Ébaubi est un vieux mot de la langue française. Il s'emploie surtout comme attribut après les verbes être, demeurer, laisser, rester...

 

Être ébaubi signifie être stupéfait, marquer une grande surprise au point de ne plus pouvoir parler.

 

Synonymes : ébahi, éberlué, interdit, interloqué, époustouflé....

 

 

***

 
 
"La belle-sœur ébaubie ; le mari riant jaune ; la dame elle-même empourprée, et pudique tout de bon"
René Boylesve (1867-1926)
 
"Tout ce que je voyais là m'étonnait, bien que je fusse assez fine pour ne pas faire la niaise ébaubie"
George Sand (1804-1876)
 
"Pierron, ébaubi, ne savait même plus comment faire halte en un si beau chemin"
René Boylesve (1867-1926)
 
"Devant un public ébaubi, il mordait à pleines dents dans les bicyclettes qu'il dévorait par peloton"
Sens-Dessous, 2013, Florian Graton (Cairn.info)

 

 

Étonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


En savoir plus sur : https://www.laculturegenerale.com/ebahi-ebaubi-difference/ ©

Étonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


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tonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


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tonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


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31/08/2023
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Entrer de plain-pied dans la gratitude

Parfois, face à certaines réalités flagrantes, on a beau avoir ces dernières sous les yeux, on ne veut rien voir.

 

Heureusement, me concernant, j’ai la chance d’avoir quelques bienveillantes vigies qui m’ouvrent les yeux. C’est à l’une d’elle que je dédie ce texte.

 

Tout récemment, je publiais sur cet excellent (…) blog, un court texte intitulé "Colette et le chocolat".

 

Quelques heures plus tard, ma gentille vigie m’envoie un SMS, interpellée  par « la grosse araignées » qui a attrapé dans ses pattes au passage et sans raison un « s ». Sidérée par l’énormité de la « fôte », je lui renvoyais un "Damned ! Honte à moi !".


Au moment où je lui répondais, ma gentille vigie publiait sur son blog un texte sur la gratitude que je m’empressais de découvrir.


https://www.bulledecouleurs.fr/post/la-gratitude?cid=8936f151-f60b-449f-9a03-df32243e8a5e

 

Mes yeux suivent les mots, les phrases, les pensées, les réflexions, avec intérêt. J’aime ce texte. Il me parle. Dans mon élan, je butte sur un mot composé. J’ai un doute quant à son orthographe comme il arrive parfois (souvent)… lorsqu’on ne sait plus très bien si ce mot serait plus sexy avec deux « L », ou plus élégant avec un « M ».


En l’occurrence, ledit mot qui me chiffonne se trouve dans la phrase suivante :

"entrer de plein pied dans une autre réalité". Ce "plein" ne serait-il pas plus seyant avec un "a" à la place du « e » ? Sachant que ce « plain » vient, si j’en crois mes lointains souvenirs  de latiniste…, de "planus" qui signifie "plan, sans relief". De là vient aussi le mot "plaine". Je vérifie l’acuité de mes souvenirs. Effectivement, ce "plain-pied" s’écrit avec un "a". A mon tour, je signalais l’erreur à ma gentille vigie avec conscience que mon "s" collé à "la grosse araignée" était mille fois plus impardonnable que ce "plein/plain".

 

Justement, puisque nous sommes en plein dedans…. Offrons-nous une visite guidée et entrons de plain-pied dans l'histoire de cette expression.

 

L'expression "de plain-pied" n’a, à l’origine, qu’un rapport très étroit avec le corps humain. Lorsque l’expression est utilisée en tant qu’expression adverbiale, elle signifie entrer dans un lieu sans qu’on n’ait besoin de monter ni de descendre.

 

"Arrivé au bout du passage, il atteignit l’escalier, descendit les premières marches, et bientôt se trouva de plain-pied avec le cimetière de l’abbaye…"

Alexandre Dumas, Othon l'archer

 

Plus familièrement et au sens figuré, elle signifie accomplir une action facilement, sans que cela souffre de difficulté (ex : "cela va de plain-pied", comprendre : c’est tout naturel). On pourra aussi utiliser l’expression pour dire que l’on rentre « de plain-pied » dans un sujet, c’est-à-dire directement et immédiatement, autrement dit on met les pieds dans le plat.

 

Lorsque l’expression est placée dans une phrase en tant que locution adjectivale, elle désigne un espace qui se trouve sur le même niveau, au même étage. On peut aussi l'utiliser au sens figuré pour signifier "au même niveau" de quelqu'un ou de quelque chose :

Devoir la vie à un malfaiteur, accepter cette dette et la rembourser, être, en dépit de soi-même, de plain-pied avec un repris de justice, et lui payer un service avec un autre service ; se laisser dire : Va-t'en, et lui dire à son tour : Sois libre; sacrifier à des motifs personnels le devoir…

Victor Hugo, Les Misérables

 

Plus concrètement dans le domaine de l’immobilier, elle qualifie les pièces d’un appartement ou d’une maison qui se trouvent au même étage et/ou au même niveau.

 

Evolution historique de l’usage de l’expression "de plain-pied"

Origine de l’expression "de plain-pied"

 

Le terme « plain » est rarement utilisé seul dans une phrase. On le retrouve ainsi dans l’expression « de plain-pied ».

 

Le mot vient du latin planus, un adjectif qui qualifie ce qui est plat, sans relief ni inégalités. C’est de ce même terme que vient le mot « plaine ». La locution se forme dès le début du XVIIe siècle où on la trouve sous la forme suivante : "à plain-pied" afin de désigner un espace qui se trouve au niveau du sol, c’est-à-dire auquel on peut accéder sans que le pied n’ait à gravir ou descendre des marches.

 

Pour aller plus loin :

On trouve la locution dans deux autres expressions populaires. « Être de plain-pied avec quelqu’un » signifie bien s’entendre, être en bons termes. Il est aussi utilisé dans le terme « plain-chant », qui désigne un genre musical sacré. Il tire son origine du latin Cantus Planus, qui caractérise un chant sans ruptures, accidents ou altérations. Par ailleurs, le terme français "plain" a donné naissance à l’adjectif plain en anglais : quelque chose de commun, de simple, d’ordinaire voire de banal.

 

 

Exemples d’usage de l’expression "de plain-pied"

 

"Choses vivantes ô choses excellentes" "Enfance, mon amour, ce double anneau de l'œil et l'aisance d'aimer". Immédiatement à côté de la perception, cette sorte de disposition, de mouvement naturel à aimer l'aisance. "Ah tant d'aisance dans nos voies". Elle est une manière d'être de plain-pied avec les objets et les êtres, de n'être jamais emprunté devant les sensations ou les sentiments »

Pierre Guerre, Saint-John Perse et l’homme

 

« C'était une terrasse à deux étages, qui par une sorte de courtine se trouvait de plain-pied avec le premier étage des ailes du logis »

Jean Prévost, Philibert Delorme

 

"Ma maison s'ouvre, longue et plate, de plain-pied sur une cour intérieure, genre patio, mais hélas ! un patio sans fleurs, sans jet d'eau et surtout sans romantisme !"

Yvonne Blondel, Norbert Dodille - Journal de guerre 1916-1917: front sud de la Roumanie

 

"Se sentir un homme, se dire que le soir même, libre pour la première fois, on entrera enfin de plain-pied dans la vie, objet de toutes les convoitises, et subir sous les yeux de celle qu'on aime une si solennelle humiliation !"

Eugène Fromentin, Pierre Blanchon - Lettres de jeunesse

 

« Mais il arrive que Jackie entre de plain-pied dans le monde. Un pas, un autre pas. Un geste, un mot, un mouvement imperceptible »

Leslie Kaplan, Le Silence du diable

 

En guise de conclusion :

Grâce à ma gentille vigie, à mon impardonnable faute et à ce "plain-pied", je peux écrire, non sans fierté, que je suis vraiment de plain-pied avec ma gentille vigie à qui je dis « merci » (gratitude….). Et la boucle est pleinement bouclée Bisou

 

 

 


13/04/2023
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Cours d'étymologie

Aujourd'hui, je vous propose de nous pencher sur l'origine de quelques mots liés à nos comportements et attitudes.

 

 

 

Ahuri

Ce terme a deux acceptions, aussi peu flatteuses l’une que l’autre : "sans réaction, interdit, stupéfait" et "qui paraît stupide". Sans doute parce qu’au départ, il signifiait "qui a une chevelure hérissée" et que, dans l’imaginaire collectif, nos cheveux se dressent sur la tête quand on est effrayé.

Dérivé de hure ("tête d’animal"), il avait au 13ème siècle un sens plus fort encore : "tête hirsute d’une bête féroce". C’est pourquoi les Iroquois d’Amérique, dont la coiffure était hérissée, ont été appelés "Hurons" par les Européens.

 

 

Couard est à rapprocher du latin cauda, la queue. Pourquoi ?

Tout simplement parce que sa signification originelle est "fuir en montrant sa queue".

 

 

Etourdi

Restons dans le règne animal avec étourdi, issu directement du latin turdus, la grive. Le rapport ? En latin populaire, le verbe exturdire, lointain ancêtre de notre étourdir, signifiait "agir follement, avoir le cerveau étourdi comme une grive ivre de raisins".

 

 

 Fourbu

Voilà un adjectif qui a lui aussi un lien direct avec la boisson. Fourbu correspond en effet au participe passé d’un verbe aujourd’hui disparu, forboire, autrement dit "boire avec excès", "être fatigué à force de trop boire".

Il a fini par faire référence uniquement à la notion d’épuisement.

 

 

Méchant

Avant de désigner un individu qui "cherche à nuire ou à causer du désagrément", "méchant" correspondait au participe présent du verbe mescheoirs, où l’on reconnaît notre verbe "choir".

En ancien français, mescheant signifiait donc "qui tombe mal" et avait un peu le sens de "malheureux". Par la suite, il a pris celui de "faire tomber un mauvais sort sur son prochain" avant de devenir synonyme de "brutal", "malfaisant" et "cruel".

 

 

Niais

Si cet adjectif désigne aujourd’hui une personne naïve et un peu sotte, il évoquait jadis le faucon à peine sorti du nid, qu’il fallait donc dé-niaiser. Dans le même registre, on peut également citer leurrer. A l’origine, le verbe avait une définition restrictive : faire revenir le faucon sur le poing au moyen d’un leurre (c’est-à-dire un morceau de cuir garni de plumes, en forme d’oiseau). C’est au 15ème siècle qu’il prendra le sens figuré d’"attirer".

 

 

Outrecuidant est dérivé de outre et du verbe latin cogitare. Ce dernier a évolué pour donner en ancien français cuidier, au sens de "penser", mais aussi d’"imaginer" et de "croire à tort". C’est cette acception que nous avons conservée dans outrecuidant, participe présent de l’ancien outrecuidier, autrement dit "se croire supérieur à ce que l’on est." Une leçon d’humilité qui vaut pour toutes les époques.



Sources
- Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert.
- Dictionnaire de l’Académie française.
- Mille ans de langue française, par Alain Rey, Frédéric Duval et Gilles Siouffi.
- De la Tour de Babel aux tournures du français, par Michel de Grave (pas de site internet).


11/04/2023
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