Sous la plume de Jeanne

Sous la plume de Jeanne

Un été avec....


Voici que la saison décline

Voici que la saison décline,

L'ombre grandit, l'azur décroît,

Le vent rafraîchit sur la colline,

L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

 

Août contre septembre lutte ;

L'océan n'a plus d'alcyon ;

Chaque jour perd une minute,

Chaque aurore pleure un rayon.

 

La mouche, comme prise au piège,

Est immobile à mon plafond ;

Et comme un blanc flocon de neige,

Petit à petit, l'été fond.

 

 

 

 

 

 


Victor Hugo

1802-1885

Ecrivain, poète,
Romancier, dramaturge

 

 

 

 


27/08/2023
1 Poster un commentaire

Mois d'août

Par les branches désordonnées
Le coin d'étang est abrité,
Et là poussent en liberté
Campanules et graminées.

Caché par le tronc d'un sapin,
J'y vais voir, quand midi flamboie,
Les petits oiseaux, pleins de joie,
Se livrer au plaisir du bain.

Aussi vifs que des étincelles,
Ils sautillent de l'onde au sol,
Et l'eau, quand ils prennent leur vol,
Tombe en diamants de leurs ailes.

Mais mon cœur, lassé de souffrir,
En les admirant les envie,
Eux qui ne savent de la vie
Que chanter, aimer et mourir !

 

 

 


François Coppée

1842-1908

Poète français

Extrait du recueil "Les mois" (1878)

 

 


09/08/2023
0 Poster un commentaire

Farniente

 

Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

 

 

 

 

Théophile Gautier

1811-1872

Ecrivain, poète,

Critique d'art, peintre

"Premières Poésies"


08/08/2023
1 Poster un commentaire

Bientôt, bientôt

Bientôt bientôt finira l’oût
Reverrai-je mon ptit Lou ?
Mais nous voici vers la mi-août
Ton chat dirait-il " miaou "
En me voyant ou bien " coucou ! ! !"
Et mon cœur pend-il à ton cou ?
Dieu ! qu’il fut heureux ce Toutou
Pouvoir fourrer son nez partout ! !
Mais, je n’en suis pas jaloux
Les toutous n’font pas d’mal aux loups.

 

 

 

 

Guillaume Apollinaire

1880-1918

Poète, écrivain, dessinateur,

Dramaturge, critique d'art


07/08/2023
0 Poster un commentaire

O mon coeur ! Ce sera...

 

O mon cœur ! ce sera dans l'Août bleu et torride.
Lasse, vous poserez sur le coffret de buis
vos ciseaux où s'accrochera de la lumière.
Vous laisserez aller votre taille en arrière.
Vous fermerez vos cils sur vos yeux de lavande
dont l'Eté semblera parfumer votre chambre.
Il sera je ne sais quelle heure après-midi :
l'heure où la guêpe en feu va boire dans le puits.
J'arriverai, par le grand soleil ébloui.
Je vous verrai ainsi, ô ruche pleine d'aube,
moulée par le sommeil dans votre chaste robe.
Et je m'approcherai tout doucement de vous,
et, sans vous déranger, mettrai sur vos genoux
des fraises et du pain et du sucre d'abeille.
Bientôt, vous éveillant de ce demi-sommeil,
vos lèvres écloront sur ces fruits et ce miel
comme une rose tendre et toute caressée,
ou comme un abricot plein d'encens qui s'entrouvre.
O ménagère amie, framboise des forêts,
chaperon rouge errant qui se nourrit de baies,
ô vous qui par moments à mes yeux évoquez
la gravure où Perrette a renversé son lait :
vous ne me direz pas combien vous accablait
cette sieste où l'Eté fait peser son délire.
Vous vous relèverez. Vous me regarderez.
Et, pleine d'un sanglot, alors vous sentirez
sourire dans mon cœur votre propre sourire.

 

 

 

Francis Jammes

1868-1938

Poète, écrivain français


06/08/2023
0 Poster un commentaire


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser