..Et vous ne faites pas assez l'amour, toutes choses contraires à la santé et au bonheur...

Ah l’amour, l’amour…qui nous mène par le bout du nez, qui n’a que faire de la raison (surtout pas), qui n’a d’autre moteur que l’instinct. Pour le meilleur et pour le pire. Anatole France écrivait "En art, comme en amour l’instinct suffit" ("Le Jardin d’Epicure"). Peut-être. Toujours à propos de cet instinct, Alphonse Karr écrivait "Quand la femme obéit à ses instincts, ce qu'elle aime le plus dans l'homme, c'est l'audace…", conseillant par ailleurs qu’il faudrait faire l’amour comme on mange du poisson, sans avaler les arêtes.

Certains écrivains ont vécu des épisodes amoureux tumultueux, insolites ; en creux, en relief, mais souvent pleins de sel, de saveur et source d’inspiration.

Antoine de Saint-Exupéry, tombé amoureux fou d’une inconnue rencontrée dans un train, lui livra pendant plus d’un an, une cour assidue mais vaine, en lui adressant des lettres aquarellées reprenant son personnage du Petit Prince. "Ce n’est pas très gentil de ne pas me téléphoner ou de ne pas venir me voir, parce que moi je ne suis pas si oublieux et que je voudrais bien que… ".

23 650. C’est le nombre de lettres que se sont échangées Juliette Drouet et Victor Hugo, des lettres quotidiennes même s’ils se voyaient tous les jours pendant les 50 années (!) qu’a duré leur relation. Juju qui écrivait à son « Toto » en 1836 , "Vous travaillez trop, mon petit Toto, vous ne dormez pas assez et vous ne faites pas assez l'amour, toutes choses contraires à la santé et au bonheur".

Jouer avec les mots… Peu après sa rupture avec George Sand, Alfred de Musset est très affecté. Quelque temps plus tard, il rencontre Caroline Jaubert, belle femme de lettres. Dans sa correspondance, il ne manque pas d’imagination pour créer des acrostiches (un acrostiche est un type de poésie qui a la particularité de dissimuler un mot. Les premières lettres de chaque vers du poème forment un mot qui se lit verticalement de haut en bas) ou n’écrire que la première lettre des mots. « Et voici ce qu’il m’arrive. J.s.a.f.d.v »….

Quand la réalité rejoint la fiction…En 1872, Tolstoï est témoin d’un fait divers. Une jeune femme de son voisinage, abandonnée par son amant, se jette sous un train. Ainsi naîtra le destin d’Anna Karénine.

Elle était célèbre pour sa beauté, son charme sans égal. Première épouse de Paul Eluard, Gala fut aussi l’amante de Max Ernst pendant leur relation conjugale. Finalement, elle leur préféra Salvatore Dali et quitta Eluard pour épouser ce dernier. Même après leur mariage, Paul Eluard, toujours épris, continua de lui adresser des lettres pleines de sensualité.

10 juillet 1873. Bruxelles. Il pointe son revolver sur un homme, dans cette chambre où ils furent amants. Celui qui tire n'est autre que Verlaine. L'homme en ligne de mire, Rimbaud. Et de s’exclamer "Voilà pour toi puisque tu pars !". Deux coups de feu retentissent et Rimbaud (parce que ce n’était pas son heure) n’est blessé qu’au poignet. Pour cet acte, Verlaine sera condamné à deux ans de prison.

Après 18 ans de correspondance amoureuse, Balzac finit par obtenir en 1850 ce qu’il souhaite plus que tout : la main de Madame Hanska. La comtesse polonaise (veuve depuis 1842) accepte. Mais la maladie emporte l’écrivain six mois plus tard, laissant Madame Hanska, seule. Enfin pas exactement. Généreusement, son défunt mari lui lègue de nombreuses dettes. La vilaine rumeur faisait courir le bruit que, pendant que notre pauvre Balzac agonisait sur son lit, Madame Hanska recevait son amant dans la chambre voisine ("Manquerait plus qu’on se gêne !"). Ce même Balzac, qui, triste de s’être laissé parfois distraire par une femme, proférait ces mots "Encore un roman de perdu !"…D’une lucidité glaciale.