Sous la plume de Jeanne

Sous la plume de Jeanne

Cours d'étymologie

Aujourd'hui, je vous propose de nous pencher sur l'origine de quelques mots liés à nos comportements et attitudes.

 

 

 

Ahuri

Ce terme a deux acceptions, aussi peu flatteuses l’une que l’autre : "sans réaction, interdit, stupéfait" et "qui paraît stupide". Sans doute parce qu’au départ, il signifiait "qui a une chevelure hérissée" et que, dans l’imaginaire collectif, nos cheveux se dressent sur la tête quand on est effrayé.

Dérivé de hure ("tête d’animal"), il avait au 13ème siècle un sens plus fort encore : "tête hirsute d’une bête féroce". C’est pourquoi les Iroquois d’Amérique, dont la coiffure était hérissée, ont été appelés "Hurons" par les Européens.

 

 

Couard est à rapprocher du latin cauda, la queue. Pourquoi ?

Tout simplement parce que sa signification originelle est "fuir en montrant sa queue".

 

 

Etourdi

Restons dans le règne animal avec étourdi, issu directement du latin turdus, la grive. Le rapport ? En latin populaire, le verbe exturdire, lointain ancêtre de notre étourdir, signifiait "agir follement, avoir le cerveau étourdi comme une grive ivre de raisins".

 

 

 Fourbu

Voilà un adjectif qui a lui aussi un lien direct avec la boisson. Fourbu correspond en effet au participe passé d’un verbe aujourd’hui disparu, forboire, autrement dit "boire avec excès", "être fatigué à force de trop boire".

Il a fini par faire référence uniquement à la notion d’épuisement.

 

 

Méchant

Avant de désigner un individu qui "cherche à nuire ou à causer du désagrément", "méchant" correspondait au participe présent du verbe mescheoirs, où l’on reconnaît notre verbe "choir".

En ancien français, mescheant signifiait donc "qui tombe mal" et avait un peu le sens de "malheureux". Par la suite, il a pris celui de "faire tomber un mauvais sort sur son prochain" avant de devenir synonyme de "brutal", "malfaisant" et "cruel".

 

 

Niais

Si cet adjectif désigne aujourd’hui une personne naïve et un peu sotte, il évoquait jadis le faucon à peine sorti du nid, qu’il fallait donc dé-niaiser. Dans le même registre, on peut également citer leurrer. A l’origine, le verbe avait une définition restrictive : faire revenir le faucon sur le poing au moyen d’un leurre (c’est-à-dire un morceau de cuir garni de plumes, en forme d’oiseau). C’est au 15ème siècle qu’il prendra le sens figuré d’"attirer".

 

 

Outrecuidant est dérivé de outre et du verbe latin cogitare. Ce dernier a évolué pour donner en ancien français cuidier, au sens de "penser", mais aussi d’"imaginer" et de "croire à tort". C’est cette acception que nous avons conservée dans outrecuidant, participe présent de l’ancien outrecuidier, autrement dit "se croire supérieur à ce que l’on est." Une leçon d’humilité qui vaut pour toutes les époques.



Sources
- Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert.
- Dictionnaire de l’Académie française.
- Mille ans de langue française, par Alain Rey, Frédéric Duval et Gilles Siouffi.
- De la Tour de Babel aux tournures du français, par Michel de Grave (pas de site internet).



11/04/2023
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