Camille, le guerrier debout

A chaque fois qu’elle passait devant le puissant « guerrier debout » du sculpteur Ousmane Sow, place Anquetil, elle pensait à son âme soeur. Elle l’appelait son beau chat noir. Il s’en amusait. Sa peau était d’un soyeux ébène, son regard magnétique et enveloppant, son sourire bienveillant, son visage solaire.

Un jour qu’il était venu la voir à Angers, elle lui avait dit :

- Tu vois ce guerrier masaï ? C’est toi Camille. Debout, quoi qu’il arrive. Ce guerrier a ta force tranquille, ta grandeur d’âme et cette flamme intérieure qui anime quelques rares élus en ce monde.

Un jour, il lui apprit que sa vie était en train de se jouer par un malin de sort. Confiant, il s’en remettait à Dieu. Se battant, debout. Quoi qu’il arrive. Jusqu’à ce matin d’avril où le vent avait balayé les fleurs des cerisiers, déposant sur la chaussée une éclatante neige de printemps, blanche et rose. Jusqu’à ce matin d’avril où il ferma ses yeux. Face au « guerrier debout », elle pleura.

- Magnifique ce guerrier, n’est-ce pas ?

Elle se retourna. Devant elle, un homme à la peau d’un soyeux ébène, le regard magnétique et enveloppant, le sourire bienveillant, le visage solaire.

« Ceux que nous avons aimés et qui nous quittent ne sont plus là où ils étaient, mais ils sont partout où nous sommes » (Victor Hugo).

A Camille