Subtile polysémie

Parfois il en faut peu pour être heureux, comme le chante l'ours Baloo dans le Livre de la Jungle (chanson que je vous recommande vivement en cas d'avis de tempête dans votre vie).

Il en est ainsi de ces petits bonheurs qu'il m'arrive d'éprouver quand je découvre un mot nouveau, un mot-tiroir (nous y viendrons une autre fois), un mot à double voire triple lecture. Ce dont nous allons parler aujourd'hui.

La polysémie est le terme qui désigne un mot ou une expression qui a plusieurs sens ou significations différentes. On qualifiera par exemple de polysémique le mot "puce". Celle qui se trouve sur nos cartes bancaires, cette autre qui sautille. Des exemples polysémiques, il y en a une multitude mais certains d'entre eux se distinguent par leur finesse, leur sel.

Récemment, j'écoutais un écrivain parler de la subtilité de la langue française. De son difficile apprentissage également pour ceux qui souhaitaient l'apprendre. L'homme illustra ses propos par une anecdote cocasse. Un réfugié politique à qui l'on venait de remettre (enfin) ses papiers s'entend dire que "désormais il est naturalisé français". Au sourire légitime auquel on aurait pu s'attendre, le visage de l'homme s'embruma. Ses traits se crispèrent. "Pourquoi dois-je me faire empailler ?" Merveilleuse pépite langagière !

Dans cet esprit, nous pourrions citer le verbe "exprimer". Nous exprimons un avis. Nous pouvons également exprimer l'eau ou le surplus de liquide qui imbibe quelque chose.

Nous dirons d'un jardin qu'il est cultivé avec grand soin. Non qu'il est instruit. Quoi que....

Ce soir, au dîner, nous nous préparerons des oeufs brouillés qui n'en seront nullement fâchés.

Une femme gracieuse n'est certes pas le contraire d'une femme onéreuse.

Si votre soufflé au fromage est léger, cela ne signifie pas qu'il manque de sérieux.

Etc, etc..

Si l'ennui vient à vous guetter en journée, si vous ne parvenez pas à trouver le sommeil le soir, essayez-vous à l'exercice de la polysémie. Vous pourriez vite vous laisser prendre au jeu.