Sous la plume de Jeanne

Sous la plume de Jeanne

Ne te lave pas, j’accours…

Avoir quelqu’un dans la peau  ("I’ve got you under my skin" comme le chantait Franck Sinatra de sa voix chaude et sensuelle)….et si tout cela n’était qu’une histoire d’odeur, de parfum ?

 

De tout temps, le parfum a entretenu l'imaginaire des amants. Plus encore, l'odeur donne un avant-goût du corps de l'autre. Cette odeur dite corporelle n'a pas seulement le charme des préludes, elle a une puissance érotique qui entretient l'amour à la manière d'un fétiche. Qui n’a jamais respiré en son absence les vêtements et les objets imprégnés de l'odeur ou du parfum de l'être aimé pour prolonger sa présence ? Cette puissance de l'odeur qui évoque l'autre le rappelle sans cesse à la mémoire, continue de le faire exister, entretient le lien amoureux et le ravive à travers la persistance du parfum.

 

Pourtant, en fonction de nos affects, nos appréciations olfactives peuvent évoluer. Avec son " Ne te lave pas, j'accours et dans huit jours je suis là " (Lettres d'amour à Joséphine, Fayard), Napoléon exprime de toute évidence son attirance pour l’odeur corporelle de Joséphine ; loin de susciter une quelconque répulsion, elle suscite le désir et l’amour. N’en concluez pas pour autant que le défaut d'hygiène soit propice à l’excitation des sens (!). L’odeur qui résulte d’une hygiène négligée se charge, d’un caractère plaisant ou désagréable selon qu’elle émane de l’être aimé ou d’un tiers que "l’on ne peut pas sentir"…


Au temps d'Elisabeth 1er, le parfum et l’amour ressemblaient à ceci : les Chevaliers offraient à leur Belle une pomme qu'ils avaient pris soin de déposer au creux de leur aisselle durant les tournois. Qui pour regretter "l’odeur animale" qui agissait comme un excitant de l’amour ? Personne. Sans pour autant sentir le putois mal dégrossi, on peut regretter l’emprise des fragrances artificielles qui paradoxalement contribuent probablement à amoindrir notre imaginaire érotique. Mais cela est un autre sujet.

 

A la fin du 18ème siècle, les choses ont changé. Les femmes manifestèrent un intérêt à tout ce qui avait trait à la botanique, aux subtils extraits de fleurs. Sus aux odeurs animales qui n'avaient plus la cote auprès de la gent féminine. Dans les années 50, l’apparition de la salle de bains mit un terme définitif aux odeurs et autres arômes corporels.

 

Nous reste l’évocation de l’amour inscrit sur des flacons de parfums et de fragrances censés attiser le désir de l’autre : "Déclaration", "Baiser volé", "Idylle", "Amour Amour", "Chamade", "Parlez-moi d’amour"….

 

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13/08/2022
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